Exceptionnel match à Gerland. Spectacle, buts, émotions, retournements de situation, l'OL et l'OM ont offert à la chaîne cryptée et aux spectateurs de Gerland un véritable festival offensif.
Tous se sont régalés : spectateurs, téléspectateurs, joueurs, journalistes ; tous... sauf les deux entraîneurs. Didier Deschamps et Claude Puel n'ont en effet pas apprécié que leurs équipes respectives fassent preuve d'autant de laxisme défensif. Mais comment jeter la pierre à l'une ou l'autre équipe lorsque l'on voit le match et le résultat ? C''était beau, rapide, technique, et truffé de faits de matchs qui, assemblés, ont donné lieu à la plus belle rencontre de Ligue 1 de la saison (assurément). Retour sur un match qui aura marqué les esprits :
Ils étaient prévenus, les lyonnais. Marseille se déplaçait à Gerland en mode « Ligue des Champions », et la dernière prestation Phocéenne avait donné le tournis à Zurich, pour une victoire très large, 6-1. Et lorsque Didier Deschamps déclare le match des deux Olympiques comme un match de Coupe d'Europe, comprenez que l'armada offensive marseillaise cherche à le prouver numériquement. C'est en 4-3-3 classique que les marseillais se présentaient face à l'OL, avec un milieu composé de Cheyrou, M'Bia et Abriel, et une attaque menée par Niang et Koné sur les côtés, et Brandao seul en pointe. Didier Deschamps cherchait à imposer sa tactique sur la pelouse, et non à contrer le 4-2-3-1 lyonnais concocté par Claude Puel. Ainsi, Makoun et Källström étaient devancés par Govou, Pjanic et Ederson, alors que Lissandro Lopez était seul en pointe.
Le match commençait sur les chapeaux de roues et Pjanic d'une reprise acrobatique ouvrait la marque dès la 3ème minute de jeu (1-0). Marseille ne baissait pas la tête, et bien au contraire c'est Diawara qui s'élevait plus haut que tout le monde pour placer la sienne, hors de portée de Lloris (11', 1-1). Le match s'emballait, et Sidney Govou, adepte des buts d'anthologie face à Marseille, redonnait l'avantage aux siens par une remontée solitaire de près de 40 mètres ; la lucarne tremblait sous sa frappe du gauche (14', 2-1). Marseillais et Lyonnais connaissaient par avance le résultat de Bordeaux, défait au Stadium Lille Métropole (2-0). La victoire de l'une ou l'autre des deux équipes permettait donc de recoller aux Girondins (pour Marseille) ou de passer en tête du Championnat (pour Lyon). L'ambition était là, la technique aussi. Petit à petit, Lyon prenait l'ascendant en milieu de terrain, et contrôlait son avantage au score. Seule une frappe de Koné (22'), contrée, donnait quelques frayeurs à Lloris. Les Marseillais étaient malheureux dans leurs choix offensifs et perdaient les duels en milieu de terrain. Mais l'OL, à l'exception d'une frappe de Källström (32'), n'était pas décidé à mettre l'OM K.O.
Juste avant la mi-temps, Cheyrou déclenche une frappe dont lui seul à Marseille a le secret. Le ballon flottant part de 25 mètres et dévie au dernier moment de sa trajectoire, une étonnante similitude d'avec les coups-franc de maître Juninho. Lloris, pris dans son élan, ne peut que repousser du bout des gants le cuir qui file dans les buts lyonnais (44', 2-2). Les Sudistes rentraient aux vestiaires avec ce match nul pas totalement immérité.
La deuxième mi-temps partait sur les mêmes bases que la première.
Abriel, décalé côté gauche, centrait immédiatement pour Koné qui reprenait instantanément de l'extérieur du droit. Le ballon filait à toute vitesse en direction des cages d'Hugo Lloris qui, malgré sa détente, ne pouvait que constater le troisième but marseillais (2-3, 47'). Les hommes de Didier Deschamps étaient en réussite, tout l'inverse d'Hugo Lloris, qui vivait une soirée difficile, à une semaine du match qualificatif de l'Équipe de France face à l'Irlande. Heureusement, le gardien international reprenait du poil de la bête et s'imposait face à Brandao dans un face à face périlleux (54') : le naufrage était retardé. Niang était à deux doigts de marquer son traditionnel but à Gerland, mais sa reprise de la tête sur corner passait à quelques centimètres du poteau.
Intervenaient alors les changements : Ederson, très discret, était remplacé par Bafé Gomis (55'), pendant que Koné, touché lors d'un choc avec Cris, laissait sa place à Mathieu Valbuena (57'). Lisandro obligeait Mandanda à une parade réflexe à ras-de-terre, pendant que le quatrième arbitre et son panneau lumineux obligeait Cheyrou à sortir au détriment d'Edouard Cissé (68'). Källström quittait lui aussi la pelouse, et favorisait le système lyonnais en 4-4-2 avec l'entrée en jeu de Michel Bastos (68'). Il restait alors 25 minutes à jouer (en comptant le temps additionnel). Ces vingt-cinq dernières minutes resteront gravées dans l'histoire des OL-OM !
Lyonnais et Marseillais sortaient d'une semaine compliquée, où ils ont dû enchaîner Championnat et Ligue des Champions. Du coup, en cette fin de match, la fatigue se faisait sentir, et cela pesait largement sur le jeu. Les espaces se créaient, les longs ballons devenaient monnaie courante : on cherchait surtout à sauter les lignes, afin de se projeter le plus rapidement possible vers l'avant. Cris concédait un corner à la 80ème minute de jeu. C'est le tournant du match. Ce corner, bêtement concédé, amenait une reprise au premier poteau de Brandao, qui donnait un avantage que l'on pense alors définitif aux Marseillais (2-4, 80'). Delgado remplaçait Govou (80') sous les yeux de supporters lyonnais médusés. Une victoire aurait permis aux Gones de s'emparer du fauteuil de leader. Au lieu de cela, les lyonnais s'orientaient inévitablement vers une défaite à domicile face au rival Marseillais. Mais cette année plus que jamais, l'OL finit fort ses matchs. Et c'est Lisandro, « L'Homme qui valait 24 millions », qui le prouvait une nouvelle fois : en trompant Mandanda d'une pichenette, d'abord, (3-4, 81'), puis en transformant le penalty accordé par Monsieur Bré suite à une main de Heinz dans la surface (4-4, 84'). En trois minutes, l'ancien attaquant de Porto montrait que son but face à Liverpool, en milieu de semaine, annonçait son retour au plus haut niveau.
Le match s'emballait et c'est tout Gerland qui se prenait à croire à un incroyable cinquième but rhodanien. Et il arrivait, ce cinquième but ! Lisandro lançait Pjanic côté gauche, qui transmettait astucieusement à Bastos, seul dans la surface ; sa frappe du pied gauche trompait Mandanda (5-4, 89'). Un match fou fou fou qui entraînait Gerland dans un tourbillon de folie, vite interrompu par le dernier cafouillage du match. A l'ultime minute, Lloris repoussait une frappe de Niang (93'), mais ne pouvait rien sur la pression marseillaise, et Toulalan, bousculé par M'Bia, poussait le ballon dans ses propres filets (5-5, 93'). Un dénouement à l'image du match : inédit, fou, incroyable.
Les amoureux du ballon rond se sont régalés. Enfin, un choc (annoncé comme tel) a tenu toutes ses promesses. Y aurait-il des airs de Premier League en Ligue 1 ?
Ce match très attendu s'est donc terminé sur un score aussi surprenant qu'inédit : 5-5. Un tel score en Ligue 1 ne s'était plus vu depuis 52 ans, ce qui montre bien non seulement la pauvreté des scores de Ligue 1, mais surtout le niveau du match. Qualité, technique, physique, tactiques ont rythmé une rencontre très plaisante. Preuve en est que ce match était exceptionnel, même certains joueurs (Bastos, Pjanic) se sont emballés aux différents micros des médias, événement que l'on ne voit que très rarement. Paradoxe ultime, Lloris et Mandanda s'affrontaient pour cette rencontre dans un duel de meilleur gardien. Avec 5 buts encaissés par les deux portiers internationaux, peu importe qui sera titularisé à Croke Park, puis au Stade de France : Giovanni Trapattoni n'a certainement raté aucune miette de leurs erreurs.
Mikhaël Defoly
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